"Dans la mesure où l’origine du christianisme remonte aux communautés juives du Moyen-Orient, l’attitude de l’Eglise vis-à-vis des Juifs a longtemps été indécise. Mais à partir des Croisades, les Juifs sont considérés comme des Infidèles, et persécutés dans toute l’Europe. Le statut des juifs est celui de citoyens de second ordre : obligés de vivredans des ghettos, ils n’ont pas droit de séjour permanent dans les villes,et les seules activités auxquelles ils ont accès sont le commerce, le col-portage et le prêt sur intérêt, ce qui aggrave encore le ressentiment à leur égard. Les mythes antijuifs naissent, comme ceux de la profanationde l’hostie et du meurtre rituel, ou de l’enlèvement d’enfants. Les sté-réotypes propagent l’image de l’usurier riche et insensible, ou du col-porteur pauvre et rusé. On accuse les juifs de propager les maladies comme la peste. Beaucoup sont expulsés d’Espagne, d’Italie, d’Angle-terre, et émigrent en Pologne et en Lituanie. L’Europe centrale devient le nouveau centre de la vie culturelle juive en Europe. Les juifs connaissent une relative liberté, ont leur langue, le yiddish, mélange d’alle-mand médiéval et d’hébreu. Grâce à leur éducation, ils ont accès à desprofessions libérales. Mais les nationalismes croissants leur opposent de nouvelles résistances, et les flambées de violence anti-juive sont fréquentes, de même que les phénomènes d’exclusion." (exposition de la Licra sur l'antisémitisme)
La France connaît deux espaces géographiques emblématiques de la présence de la culture juive, l’une au nord-est abritait les communautés des Tzarfatim (ashkénaze) et au sud-est les Juifs de Provence. C'est à partir du XI° siècle qu'un important changement envers les Juifs se manifeste, d'abord avec la « grande persécution » de 1007 à 1011, puis avec la première croisade en 1096, les persécutions se feront au nom d’une prétendue collusion avec les musulmans, et aussi au titre de crime de «déicide».
En mai 1096, environ 800 juifs sont tués à Worms (Allemagne), et d'autres choisissent le suicide. À Regensburg (Ratisbogne, Allemagne,), les juifs sont jetés dans le Danube, pour y être «baptisés». Plus largement en Europe, Mayence, Cologne, Prague et dans beaucoup d'autres villes, des milliers de juifs sont assassinés et leurs biens spoliés.
Au Douzième Siècle, «Les Juifs ne doivent point être persécutés, ni mis à mort, ni même bannis. Interrogez ceux qui connaissent la divine Écriture. Qu'y lit-on de prophétisé dans le Psaume, au sujet des Juifs. Dieu, dit l'Église, m'a donné une leçon au sujet de mes ennemis : "ne les tuez pas, de crainte que mes peuples ne m'oublient" . Ils sont pour nous des traits vivants qui nous représentent la passion du Seigneur. C'est pour cela qu'ils ont été dispersés dans tous les pays, afin qu'en subissant le juste châtiment d'un si grand forfait, ils servent de témoignage à notre rédemption». Saint-Bernard de Clairvaux (point de vue similaire chez Abélard). De nombreuses communautés se développent, comme en témoignent les "rues aux juifs" ou rues "Juiverie" dans de nombreuses villes de France. Le plus ancien monument juif de France encore visible se trouve à Rouen et date du XIIème siècle.
En 1144 - «La Diffamation du sang». Les Juifs d’Angleterre sont accusés d’avoir mis à mort un enfant chrétien et de l'avoir saigné pour leur célébration de pâque. Propagée par des moines chrétiens, cette accusation est connue sous le nom de «Diffamation du sang». On les accusera également d’avoir empoisonné les puits et les points d’eau qui approvisionnaient les habitants. On les rendra même coupable de l’épidémie de Peste de 1348. Ces calomnies seront reprises par les antisémites des siècles à venir, et notamment par les nazis, afin de légitimer leurs violences.
En 1171, «le martyr du jeune Richard», première affaire de meurtre rituel en France. À Blois, la disparition d’un enfant entraîne des accusations contre les Juifs, ils auraient tué l’enfant pour préparer des pains azymes avec son sang. 32 Juifs seront brûlés en place publique.
En 1179, le pape Alexandre III oblige tous les Juifs à porter la rouelle (rouge).
En 1181, Philippe Auguste (1180-1223) fait saisir les biens juifs.
En 1182, les juifs sont expulsés du royaume et leurs synagogues transformées en églises.
En 1184, Isaac Uradis, juif de Bourges, se fait confisquer sa maison par Philippe Auguste, qui l’offre à son maréchal, Matheus de Bituric.
En 1190, Maïmonide, philosophe et médecin espagnol rédige le «Guide des égarés». Il redonnera au travail d’Aristote une nouvelle vie, il tentera de démontrer que la religion juive repose sur la raison et le rationnel. Il rédigera de même la «Mishnah Torah», une approche interprétative des lois juives provenant de l'étude du Talmud.
Au Treizième siècle, En 1215, pendant le pontificat d'Innocent III (1198-1216), le Quatrième Conseil de Latran a forcé les Juifs à porter un insigne dans les provinces du Languedoc, de la Normandie et de Provence, et visera à son application la plus large. : «Il apparaît parfois que par erreur des chrétiens s'unissent à des femmes juives ou sarazines ou des juifs ou des sarazins à des femmes chrétiennes. Pour que cesse un tel péché et qu'un tel mélange ne puisse avoir lieu dans l'avenir sous prétexte d'ignorance, nous décrétons que ces personnes des deux sexes, dans chaque province chrétienne et en tout temps, devra se distinguer par le caractère de son vêtement. Ils n'apparaîtront pas en public pendant les jours saints et le dimanche de la Passion.»
Mais aussi sur trois points imposent des vues sectaires auxquelles les juifs devront se conformer :
1- Des taxes sur le prêt d’argent : « Plus les chrétiens sont interdits de pratiques usuraires, plus la perfidie des juifs augmente en la matière. Nous ordonnons que si à l'avenir les juifs extorquent des intérêts excessifs aux chrétiens, ils soient coupés de tout contact avec les chrétiens jusqu'à ce qu'ils aient fait réparation de leur cupidité immodérée. Nous décrètons, sous peine identique, que les juifs doivent payer la dîme et les offrandes dues à l'église. »
2 – Interdiction aux emplois publics : « Il semble absurde que des blasphémateurs du Christ aient le pouvoir sur des chrétiens. Nous interdisons aux juifs d'avoir des emplois publics, puisque, sous ce couvert, ils sont particulièrement hostiles aux Chrétiens. Nous étendons la même interdiction aux païens. »
3. Règles pour Les convertis : « Puisqu'il est écrit "maudit celui qui entre dans un pays par deux chemins" et encore "on ne peut tisser une pièce de vêtement de lin et de laine", nous décrétons que les juifs convertis seront solennellement avertis par l'évêque d'abandonner l'observance de leur ancien rite. »
En 1227, le concile de Narbonne proclame le port de la rouelle jaune obligatoire pour les Juifs et l’interdiction pour eux de sortir pendant la Semaine sainte.
En 1232, le rabbin Salomon de Montpellier lança l'anathème contre tous ceux qui liraient le Moré Neboukhim ou se livreraient aux études scientifiques et philosophiques. Ce fut le signal du combat. Il fut violent de part et d'autres, et on eut recours à toutes les armes. Les rabbins fanatiques en appelèrent au fanatisme des dominicains, ils dénoncèrent le Guide des Égarés et le firent brûler par l'inquisition : ce fut l'œuvre de Salomon de Montpellier et elle marqua la défaite des obscurantistes. Mais cette défaite ne clôtura pas la lutte. A la fin du siècle elle fut reprise par don Astruc de Lunel, soutenu par Salomon ben Adret de Barcelone, contre Jacob Tibbon de Montpellier. A l'instigation d'un docteur allemand, Ascher ben Yehiel, un synode de trente rabbins réuni à Barcelone sous la présidence de Ben Adret, excommunia tous ceux qui avant vingt-cinq ans lisaient d'autres livres que la Bible et le Talmud.
En avril 1233, le pape Grégoire IX crée et désigne un tribunal d'exception («Inquisitio hereticae pravitatis») ayant pour objet de condamner au sein du royaume de France, «les hérétiques et les catholiques non sincères».
En 1236, les croisés ont attaqué les communautés juives d'Anjou et du Poitou et ont essayé de baptiser tous les Juifs, ceux qui ont résisté ont été tués. Environ 3,000 Juifs ont été assassinés.
En 1240, les Juifs sont expulsés de Bretagne et la discussion célèbre du Talmud a commencé à Paris.
En 1242, Nicolas Donin, un juif converti, explique au Pape que les livres sacrés des juifs contiennent des injures contre le Christ. Suite à une controverse ayant lieu à Paris entre rabbins et prêtres, Louis IX fait brûler 24 charrettes d’exemplaires du Talmud à Paris, en place de Grève.
En 1250, Thomas de Cantim (théologien ayant vécu de 1201 à 1272) reprend à son compte la rumeur des crimes rituels. Une mythologie purement d'inspiration antissémite prétendait que, le sang des enfants chrétiens servait aux Juifs pour ses propriétés curatives. Rumeur non fondée, elle restera longtemps comme une illustration du juif comme bouc émissaire des maux des sociétés chrétiennes en Europe. En réalité les juifs furent victimes de véritables appels aux meurtres et cela permit en dans de nombreux pays européns le massacre de communautés hébraïques.
En 1254, Louis IX bannit les juifs de France, mais contre des paiements, ils seront autorisés à rester quelques années après.
En 1269, Louis IX impose aux juifs le port de deux signes jaune l'un dans le dos, l'autre sur la poitrine, à partir de 14 ans, pour les distinguer du reste de la population et prévenir les unions mixtes.
En 1280, la dame de Vierzon réclame un juif arrêté par les gens du roi, car le prisonnier n’a pas été pris en flagrant délit. Sensiblement à la même époque, le prieur de Saint-Benoît-du-Sault veut expulser les juifs du Sault, mais le vicomte de Brosse s’y refuse.
En 1290, Les Juifs sont chassés d’Angleterre par Édouard Ier.
En 1294, les juifs de Nevers sont expulsés par Philippe le Bel.
En 1298, les Juifs sont considérés comme doublement sacrilèges et sont victimes de massacres sanglants à Röttingen (Bavière).
Au Quatorzième Siècle, en 1306, Philippe IV de France (dit le Bel) expulse les Juifs de France, confisque leurs biens et il s’approprie leurs créances. 100 000 Juifs environ sont expulsés et prennent en majorité le chemin de l’Espagne.
En 1309, à Zurich, un décret ordonne aux Juifs de prêter de l’argent aux bourgeois de la ville moyennant caution; s’ils s’y refusent, ils encourent des sanctions. Le taux d’intérêt était fixé par le Conseil.
En 1315, Louis X rappelle les Juifs expulsés de France neuf ans auparavant pour une durée limitée. Les impôts payés par les Juifs sont plus lucratifs pour le trésor royal que la spoliation pure et simple de leurs biens.
De 1319 à 1321, le Talmud est brûlé à Paris et à Toulouse
En 1323, Perrin de La Queux, gardien des prisons royales de Bourges laisse s’échapper, moyennant des finance, des “juifs et des malfaiteurs des prisons de Bourges”.
Le Mouvement des Armelder, (…) Intéressons-nous au cas particulier du mouvement des Armelder qui est un phénomène s’étendant sur les années 1336-1338 principalement, mais ayant des conséquences directes jusqu’en 1349 en tout cas. C’est en fait un mouvement de paysans principalement, c’est du moins dans les campagnes que s’opère le soulèvement, car il s’agit bien d’un soulèvement populaire. Cependant il faut nuancer, ce n’est pas non plus un mouvement de masse regroupant des milliers de personnes. On pense pouvoir estimer l’effectif des Armelder à environ 1500 membres.
Il faut savoir qu’il y eut 3 vagues successives de ces Armelder :
1ère vague, juillet 1336 : C’est donc juste avant les récoltes que le mouvement prend forme à l’instigation d’un certain Arnold von Uissigheim. C’est principalement dans les environs de Frankfurt que les Armelder vont agir. Leur chef, que l’on nomme « König Armelder », donc le roi des Armelder, cet Arnold von Uissigheim va être arrêté par les autorités et exécuté le 14 novembre 1336. Les autorités pensaient que de par cette exécution le mouvement péricliterait, or il n’en a rien été puisque Arnold von Uissigheim va être érigé en martyr par la population. On dira même que des miracles se passèrent sur sa tombe. Ce qui ne manqua pas d’entraîner un second soulèvement.
2ème vague, juin 1337 : A nouveau le soulèvement intervient avant les récoltes, à une période où les impôts préoccupent particulièrement les paysans, ils en sont plus facilement manipulables ou excitables selon Graus (auteur allemand). Ce deuxième mouvement prend aussi naissance dans la région de Frankfurt et se répand dans les environs (sans toutefois prendre l’ampleur de la troisième vague).
3ème vague : janvier 1338 : A nouveau le mouvement prend naissance dans la région de Frankfurt, mais cette fois il s’étend à Bâle, Strasbourg et finalement à quasi toute l’Alsace. On trouve aussi un König à la tête des Armelder, auquel succédera un deuxième. On sait que l’un d’eux était un aubergiste du nom de Jean Zimberlin ; il semble que se soit à lui que l’on doive ce nom d’Armelder parce qu’il portait au bras une lanière de cuir, qui va devenir le signe de reconnaissance de ses partisans. On sait également que les Armelder se déplaçait de village en village déployant un grand drapeau avec une image du Christ.
(…) En 1337, dans le Haut Rhin (Rouffach et Ensisheim) plus de 1500 juifs vont être exterminés dans un lieu qui prendra le nom de « champ des juifs ». Quelle est la réaction des autorités ? Celle de fermer les yeux sur les massacres et de s’emparer des biens des Juifs. Notons encore que la même année, l’empereur Louis de Bavière va promulguer un édit donnant pleine absolution de ces méfaits tout en interdisant le recours judiciaire aux juifs. Pour la région de Strasbourg toujours, il faut savoir que l’évêque finit par convoquer une assemblée de nobles d’Alsace (réunie à Colmar, ville dans laquelle de nombreux juifs s’étaient réfugiés et que les Armelder menaçaient rien de moins que d’assiéger pour en extirper les Juifs). Suite à cette assemblée, entre le 17 et le 19 mai 1338 une sorte d’alliance est passée entre villes pour combattre les Armelder dont la plupart finiront exécutés ou condamnés à diverses peines (comme par exemple celle de ne pouvoir approcher un juif pendant 10 ans)… Mais malgré le sort qui leur était réservé, un mouvement d’Armelder se reforme dès 1343, les massacres de juifs recommencent et un nouveau pacte est signé entre villes le 3 mars 1345.
Extraits, Le mouvement des Almeder, par Yannick Rub.
vidéo une autre histoire juive 3
En 1348, la grande peste. Elleprovoqua des émeutes antijuives en Provence. La synagogue de Saint-Rémy-de-Provence fut incendiée (elle sera reconstruite hors de la ville en 1352). Des Juifs furent brûlés à Serres, en Dauphiné, d'autres massacrés en Navarre et en Castille. Le 13 mai, le quartier juif de Barcelone fut pillé. Les Ashkénazes d’Allemagne furent victimes de pogroms. En septembre, les Juifs de la région de Chillon, sur le lac Léman en Suisse, furent torturés jusqu’à ce qu’ils avouent, faussement, avoir empoisonné les puits. Leurs confessions provoquèrent la fureur de la population qui se livra à des massacres et à des expulsions. Trois cents communautés furent détruites ou expulsées. Six mille Juifs furent tués à Mayence. De nombreux Juifs fuirent vers l’Est, en Pologne et Lituanie.
En février 1349, près de deux mille Juifs furent brûlés à Strasbourg, d'autres furent jetés dans la Vienne à Chinon. En Autriche, le peuple, pris de panique, s’en prit aux communautés juives, les soupçonnant d’être à l'origine de la propagation de l’épidémie, et Albert II d'Autriche dû intervenir pour protéger ses sujets juifs.
En 1380, assassinats de juifs à Paris et Nantes
En 1382, émeutes contre les Juifs à Paris et à Rome.
En 1384, expulsion des Juifs de Suisse.
En 1390. Mouvements anti-juifs en Espagne. Deux synagogues sont converties en églises à Séville et des violences anti-juives s'étendent rapidement à Tolède et Valence. Les émeutes atteindront leur paroxysme le 5 août lorsque des marins castillans mettront le feu aux quartiers juifs et tueront des centaines d'habitants.
En 1394, Charles VI expulse les Juifs de France. Cette expulsion vient sur fond de mécontentement populaire dû à la guerre de cent ans : les finances sont mauvaises, le peuple est pauvre et les Juifs, prêteurs d’argent, ont le plus mauvais rôle. Leur expulsion est réclamée. Le retour au judaïsme d’un Juif baptisé, Denis Machault, servira à justifier cette décision.
Au Quinzième Siècle, en 1401, des Juifs sont brûlés à Diessenhofen, Schaffhouse et Winterthour sous l’accusation de meurtre rituel. A Zurich, pour les mettre à l’abri de la colère populaire, le Conseil les laisse en prison jusqu’à ce que la fureur se soit apaisée.
En 1451, se met en place de l’inquisition en Castille et en 1480, se met en place d’un tribunal de l’inquisition à Séville. Le monde berbère ou arabo-andalou avait contitué au sud de l'Espagne offert une terre d'exil et constitué ce que l'on appela l'Âge d'Or entre juifs et les musulmans. La mise en place des tribunaux de l'Inquisition sera constitutive du phénomène religieux nommé Maranne. Les juifs qui ne choisissent pas de nouveau l'expulsion se convertissent ou fuient en Afrique du nord.
En 1478, le pape permet la création d'une Inquisition spéciale en Espagne visant essentiellement la persécution des juifs restés fidèles au judaïsme après les conversions forcées. Des milliers d'autodafés (« actes de foi ») ont lieu, au cours desquels des juifs sont brûlés sur le bûcher, ou étranglés s'ils avouent.
En 1491, La Guardia (Espagne), 5 juifs sont arrêtés sous l'accusation d'avoir tué un enfant dont le corps n'a jamais été retrouvé. 3 d'entre eux sont des juifs baptisés de force. Ils sont garrottés et brûlés. Les autres sont écartelés. Le dominicain Tomàs de Torquemada, responsable des persécutions, vise à renforcer par un décret les sentiments antijuifs en Espagne.
En 1492, les Rois Catholiques, Ferdinand et Isabelle, expulsent tous les juifs du Portugal et de l'Espagne, exilant environ 150 000 personnes et détruisant les communautés prospères. Les dernière troupes "mauresques" sont chassées de Grenade et se retournent en Afrique du nord. La même année, à Mecklenburg (Allemagne), 24 juifs (dont 2 femmes) sont accusés de profanation d'hostie par un prêtre, ils sont brulés sur un bûcher, en un lieu appelé par la suite Judenberg (colline aux Juifs ").
L'on contastera en France dès la fin du Moyen-Âge une disparition progressive des tribunaux de l'inquisition, et c'est au sein même du christianisme que de nouveaux bouc émissaires vont apparaître avec l'apparition au 16ême siècle du shisme entre le saint-siège de Rome et les fois protestantes.
À LA CHARNIERE DU MOYEN AGE ET DES TEMPS MODERNES....
"L'époque où vécut Yossel, le dernier quart du 15ème siècle et la première moitié du 16ème, fut à de nombreux titres une époque charnière où s'acheva le passage du Moyen Age aux Temps modernes. Pour ceux qui vécurent alors, cette période aux transitions floues fut riche en profonds bouleversements."
Naissance des ghettos, Génèse de l'antisémitisme médiéval, par Yannick Rub
(...) Le ghetto est né à Francfort en 1349, , mais en fait, il n’a été « institutionnalisé » qu’au XVIe siècle. C’est de la ville de Venise que vient ce nom de ghetto : l’ancienne fonderie (en vénitien, gheto) située aux abords de la résidence obligée des Juifs dès 1516 à Venise. Il porte des noms différents selon le pays : Judengasse en Allemagne, carrière dans le Comtat venaissin, mellah en Afrique du nord. Les Juifs se regroupent en communauté par commodité, par habitude mais surtout pour des raisons de sécurité. Le ghetto c’est, en général, un quartier entouré d’un mur ; deux portes, d’ailleurs gardées aux frais des Juifs, qui sont ouvertes durant la journée et permettent tout de même la communication avec le monde extérieur. Par contre la nuit, les Juifs doivent avoir réintégré le ghetto et les Chrétiens doivent l’avoir quitté, sous peine de sanctions.
Le ghetto ne peut s’agrandir. La natalité juive devient un facteur de paupérisme. Les masses juives d’Allemagne et d’Italie vivent misérablement, s’adonnant à de petits métiers : tailleur, fripier, etc. Le ghetto vit surtout de prêts sur gages : depuis le XIVe siècle, les Juifs d’Italie sont officiellement chargés - et même contraints - de pratiquer l’usure pour survivre. Au XVIIe siècle pourtant, on interdit aux Juifs de prêter avec intérêt – l’activité est confiée à des monts-de-piété - , mais on ne leur ouvre pas pour autant de nouvelles professions. Outre les conditions économiques difficiles, le système du ghetto impose aux Juifs des brimades et des humiliations nombreuses, du sermon de conversion jusqu’au rapt d’enfants conduisant au baptême forcé. Le ghetto devient le symbole de la vie juive et son modèle se diffuse dans toute l’Europe. Pour déborder un peu de la période qui nous intéresse, sachons qu’en 1555, une bulle papale ordonne la création de ghettos et la concentration des Juifs résidant dans tous les états pontificaux. (...)