Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 18:19

 

En apparence la période carolingienne semble plus calme, dans les faits les pouvoirs royaux ou impériaux ne chercheront pas à persécuter les populations juives, Charlemagne à ce sujet sera plutôt bienveillant. Néanmoins entre suzerains et vassaux ou pouvoirs locaux, les croyances anti-juives restent vivaces, et les lois demeurent relativement restrectives pour les pratiquants du judaïsme au sein de l'empire Carolingien.

Pendant le VIII° siècle, les Juifs étaient actifs dans le commerce et la médecine. Les empereurs Carolingiens permettent aux juifs de devenir des approvisionneurs accrédités de la cour impériale. Ils sont aussi impliqués dans l'agriculture et le domaine de la viticulture. Ils doivent comme tout négociant payer la dîme.

En 797, Charlemagne donna une mission d'ambassadeur auprès du calife de Bagdad à un juif narbonnais nommé Isaac. Celui-ci ne revint de sa mission qu'au début de l'an 802, rapportant deux cadeaux insolites: une horloge très perfectionnée et un éléphant.

 En 800, Charlemagne désigne Machir à Narbonne pour créer une école talmudique. Sous son règne  de 771 à 814, la condition des Juifs s’améliore, toutefois leur liberté restera limitée. Au tribunal, ils prêtaient serment à un texte appelé «more judaico».

Vers 850, le concile de Meaux Paris adopte une série de dispositions destinées à réprimer le prosélytisme juif et à éviter toute promiscuité avec les Chrétiens :

-Interdiction pour les Juifs de servir dans l'armée,
- Interdiction d'occuper un emploi public,
- Interdiction d'avoir des esclaves chrétiens et faire le commerce des esclaves.
- Interdiction de sortir de chez soi à la fin de la semaine sainte, pour éviter que leur vue n'excite la colère des Chrétiens.
- Interdiction de construire de nouvelles synagogues.
- La garde des enfants juifs est confiée à des clercs pour les élever dans la religion chrétienne.

Charles le Chauve (843 – 877), tolérant, refusera d'appliquer les mesures d'exception et de les inscrire dans un capitulaire.

 
 L'Antisémitisme, son histoire et ses causes


(...) C'est vers la fin du VIIIe siècle que se développa l'activité des Juifs occidentaux. Protégés en Espagne par les Kalifes, soutenus par Charlemagne qui laissa tomber en désuétude les lois mérovingiennes, ils étendirent leur commerce qui jusqu'alors avait consisté surtout dans la vente des esclaves. Ils étaient d'ailleurs pour cela dans des conditions particulièrement favorables. Leurs communautés étaient en rapports constants, elles étaient unies par le lien religieux qui les rattachait toutes au contre théologique de la Babylonie, dont elles se considérèrent comme dépendantes jusqu'au déclin de l'exilarcat ; ainsi acquirent-elles de très grandes facilités pour le commerce d'exportation dans lequel elles amassèrent des richesses considérables, si nous en croyons les diatribes d'Agobard (1) et plus tard celles de Rigord (2), qui, si elles exagèrent la fortune des Juifs, ne doivent pourtant pas être absolument rejetées comme indignes de créance (3). Sur cette richesse des Juifs, surtout en France et en Espagne, jusqu'au XIVe siècle, nous avons d'ailleurs les témoignages des chroniqueurs et ceux des Juifs eux-mêmes, dont plusieurs reprochaient à leurs coreligionnaires de se préoccuper des biens de ce monde beaucoup plus que du culte de Jehovah. "Au lieu de calculer la valeur numérique du nom de Dieu disait Aboulafia le kabbaliste, les Juifs aiment mieux supputer leurs richesses."

(...) Aux temps de leur prospérité nationale, les Juifs semblables en cela à tous les autres peuples, possédèrent une classe de riches qui se montra aussi âpre au gain, aussi dure aux humbles que les capitalistes de tous les âges et de toutes les nations. Aussi, les antisémites qui se servent, pour prouver la constante rapacité des Juifs, des textes d'Isaïe et de Jérémie, par exemple, font-ils œuvre naïve et, grâce aux paroles des prophètes, ils ne peuvent que constater, ce qui est puéril, l'existence chez Israël de possesseurs et de pauvres. S'ils examinaient impartialement même les codes et les préceptes judaïques, ils reconnaîtraient que législation et morale recommandaient de ne jamais prélever d'intérêt sur les prêts (4). A tout prendre même, les Juifs furent, en Palestine, les moins commerçants des sémites, bien inférieurs en cela aux Phéniciens et aux Carthaginois. C'est seulement sous Salomon qu'ils entrèrent en relation avec les autres peuples ; encore, en ce temps-là, c'était une puissante corporation de Phéniciens qui pratiquait le change à Jérusalem. Du reste, la situation géographique de la Palestine ne permettait pas à ses habitants de se livrer à un trafic très étendu et très considérable. Cependant, pendant la première captivité, et au contact des Babyloniens, une classe de commerçants se forma, et c'est à cette classe qu'appartenaient les premiers émigrants juifs, ceux qui établirent leurs colonies en Égypte, en Cyrénaïque et en Asie Mineure. Ils formèrent dans toutes les cités qui les reçurent des communautés actives, puissantes et opulentes, et, lors de la dispersion finale, des groupes importants d'émigrants se joignirent aux groupes primitifs qui facilitèrent leur installation.(...)

Notes :
 
(1) "De Insolentia Judoeorum" Patrologie Latine, t. CIV.
(2) Gesta Phillippi Augusti.
(3) Sur la situation des Juifs méridionaux au temps de Philippe le Bel, voir Siméon LUCE, "Catalogues des documents du Trésor des Chartes", Revue des Études Juives, t. I. n° 3
(4) "Tu ne prêteras point à intérêt à ton frère, ni argent, ni vivres, ni quoi que ce soit; tu pourras prêter à intérêt à l'étranger (Nochri )." Deutéronome, XXIII, 19, 20Nochri veut dire l'étranger de passage; l'étranger qui réside, c'est le guer . "Quand ton frère sera devenu pauvre et qu'il te tendra ses mains tremblantes, tu le soutiendras, même l'étranger (guer ) qui demeure dans le pays, afin qu'il vive avec toi. Tu ne tireras de lui ni intérêt, ni usure." Lévitique, XXV, 35. "Jéhovah, qui est-ce qui séjournera dans ton tabernacle? Celui qui ne prête pas son argent à intérêt". (Psaume XV, 5). Même à un non Juif, ajoute le commentaire talmudique. (Maccoth, 1. XXIV) (Voir encore Exode, XXII, 25. PHILDON, de Charitate: .JOSEPH, Antiquit. Jud., 1. I V, chap. VIII; Selden, 1. Vl. chap. IX.

 

 


Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Barbara de Toulouse
  • : Réflexions sur le début du christianisme et du judaïsme rabbinique .Tout n'est pas fait de dogmes mais aussi de faits historiques et c'est cela qui m'intéresse. Le côté humain de la "chose". Les chrétiens ne connaissent rien sur l'histoire de leur religion et encore moins sur le berceau .Deux communautés issues d'une même "famille",qui se sont ignorées, voire combattue pendant des siècles, à coup de pogroms, de bûchers et d'anathèmes et pourtant elles sont "soeurs"......
  • Contact

Recherche

Liens